Ecrire

Continuer à écrire de petites histoires presque sans idées, sans inspiration, sans élan. Distrait, on se contente de tapoter le clavier. Ajouter sur une page quelques mots quand l'un ou l'autre, acceptable, se présente, en enlever autant quand ils ne font pas l'affaire, mélanger ceux qui veulent rester pour attendre patiemment la suite et un vrai paragraphe pour s'installer durablement. Pour survivre.  
 
Les phrases s'allongent, cherche un point, n'importe lequel, une exclamation suffirait, renoncent, les mots vont plus loin accompagnés de virgules et d’un complément inespéré et se perdent dans une anaphore exagérée.  Je les vois bien se chercher, essayer une litote, tenter l'analogie et finalement choisir une métaphore encore incertaine.  Rien ne tombe bien, rien ne prend tournure dans ce salon d'essayage silencieux et tourmenté. 

 Ils repartent de la page laissée presque blanche à la tombée du jour ; ce sera pour demain peut-être, pour une idée qui aura triomphé de la nuit. Les mots reviendront surement le cœur en fête raconter toute l’histoire et lui donner son caractère. 

 

Tous ces moments ne sont jamais inutiles, ils réservent pour plus tard sans doute une sorte de miracle ou pourquoi pas, un moment de grâce. Ils ne viennent pas si on ne tente rien, ils ne se donnent pas à celui qui trop impatient, voudrait, d'un trait, trop bien faire 

 Ecrire est une balade où il faut savoir dénicher sa nature, s'arrêter sur un mot et lui trouver ses compagnons pour une page, les laisser s'apprivoiser doucement, ne pas les forcer, les laisser résonner ensemble, les encourager d’un verbe inattendu et surprenant. 

 Plus tard, les mots s'installeront à leur place, page quarante-deux ou plus tôt, dans un enthousiasme euphorique.  Ils la choisiront ensemble à cause de leur histoire, d'une émotion particulière ou d’une amitié nouvelle et jamais lue. 

 
Ecrire n'est pas un vain mot, il y a mille raisons d'essayer et toutes sont les meilleures, s'échapper du temps, rêver à demain, revenir en arrière, ou se convaincre d'aimer. 
 Penser qu'ils vont murmurer chaque fois un rêve différent à mille lecteurs qui parfois reliront ce miracle de leur faire revivre un peu de leur histoire 
 Le jour où l'imagination manquera, où les mots s'enfuiront plus loin, ne sois pas accablé : ils sont là tout de même, tout près, juste à côté, posés sur la branche.  Ils attendent ta confiance.